Chromatika

Protocole socratique

1. Introduction

1.1. Pourquoi la philosophie ?

1.1.1. Qui ? Toute personne désirer par un dialogue soutenu une question particulière, quelle qu’elle soit.

1.1.2. Pourquoi ? Toute question, toute expérience peut faire l’objet d’un dialogue socratique. Les problèmes relevant d’une expertise particulière ne pourront cependant être traités qu’après recadrage

1.1.3. Quand ? Mieux vaut tard que jamais : en règle générale le sens commun offre la possibilité de résoudre les petites et les grandes questions de la vie quotidienne.

1.2. Qu’est-ce que la philosophie ?

Il faut dédramatiser la philosophie, que l’on gagne à comprendre comme une légère sophistication du sens commun. Deux traits sont important à souligner.

1.2.1. La philosophie comme non-spécialisation On sait depuis Socrate que la philosophie n’est pas de l’ordre de l’expertise. Elle ne vise pas à acquérir un savoir pointu portant sur un domaine particulier, mais à obtenir une visée la plus générale possible. L’expert est un homme —ou une femme— de pouvoir. Le philosophe rejoint le sens commun en reconnaissant qu’il (sait qu’il) ne sait pas.

1.2.2. La philosophie comme recherche de sens Précisément, la question du sens de l’existence ne peut être formulée avec bonheur qu’à condition de refuser l’expertise et le dogmatisme qui l’accompagne.

1.3. Les deux philosophies

Historiquement, la philosophie a d’abord été le lieu de la conjonction entre une discipline scientifique qui cherchait systématiquement à donner des raisons aux causes naturelles et une discipline éthique qui exigeait un engagement existentiel authentique. La dimension pratique de la philosophie était systématiquement articulée à la dimension théorique.

Au XVIIe siècle, elle est devenue principalement une discipline universitaire. Petit à petit, la dimension pratique de la philosophie a été oblitérée au profit de sa seule dimension théorique.

1.3.1. Philosophie théorique

La philosophie théorique, telle qu’elle fait l’objet d’un cursus universitaire, est à la fois historique, systématique et spéculative. —Historique : elle passe en revue l’histoire des idées « philosophiques »

—Systématique : elle cherche à promouvoir une connaissance synoptique du territoire philosophique, à permettre la reconnaissance de trajectoires conceptuelles (le concept de cause finale de Thomas d’Aquin lui vient d’Aristote, etc.) et individuelles (Kant met en synergie Hume et Descartes...) et à identifier les biais idéologiques de la philosophie elle-même (eurocentrisme, rationalisme, androcentrisme...)

—Spéculative : elle est nécessairement attentive à la consistance logique et à la cohérence de son discours ainsi qu’à son applicabilité.

1.3.2. Philosophie pratique

Typiquement, l’engagement existentiel du philosophe correspond à une double exigence d’authenticité : chercher sa figure destinale afin de transformer le tissu social. On pourrait parler de double pacification.

2. Protocole dialectique

La plupar des dialogues socratiques sont scandés par trois étapes.

2.1. Purgation

2.1.1. Le visiteur exprime tout d’abord librement la situation problématique qui devrait faire l’objet du dialogue tandis que le philosophe reconnaît son expérience et valorise sa charge émotionnelle.

2.1.2. Formulation de la question Il s’ensuit un premier essai de formulation qui consiste principalement à dépouiller la question de son affect.

2.2. Structuration

La phase structurante est la plus importante. Elle peut consister en trois mouvements complémentaires. 2.2.1. Clarification Le visiteur est amené à reformuler sa question afin de pouvoir la circonscrire. Mettre en évidence l’affect précédemment exprimé et lever les inévitables ambiguïtés constituent deux épreuves importantes.

2.2.2. Fondation Puis vient la recherche des présupposés de la question-cible. L’analyse mise en œuvre s’apparente parfois à l’analyse systémique.

2.2.3. Exploration Enfin, il est parfois pertinent d’examiner les pistes conduisant à une impasse afin de contraster les possibles.

2.3. Récapitulation

La récapitulation clôture le dialogue. Elle poursuit deux buts : d’une part mobiliser les ressources mises en évidence par l’exercice dialectique ; d’autre part, provoquer son efficace. Idéalement, le visiteur fournit ici le gros œuvre et le philosophe la finition. En pratique, c’est généralement le philosophe qui est mis à contribution. De catalyseur il peut alors devenir réactif. On peut distinguer :

3.1. la prise : la mobilisation des ressources 3.2. la surprise : le dépassement de la prise afin de provoquer l’efficace.

Bibliographie

François Roustang, Le Secret de Socrate pour changer la vie, Paris, Éditions Odile Jacob, 2009. Michel Weber, L’Épreuve de la philosophie. Essai sur les fondements de la praxis philosophique, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2008. Pierre Hadot, La Philosophie comme manière de vivre. Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold E. Davidson., Paris, Albin Michel, Itinéraires du savoir, 2001.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0