Chromatika

Protocole thérapeutique

1. Introduction

1.1. Pourquoi l’hypnose conversationnelle ?

1.1.1. Qui ? Toute personne désireuse de changement est susceptible de bénéficier de l’hypnose

1.1.2. Pourquoi ? Le recours à l’hypnose se produit dans deux cadres principaux.

1.1.2.1. Prophylactique : le patient demande une revitalisation de son existence sociale. Il s’agit d’un changement projectif, anticipatif.

1.1.2.2. Thérapeutique : le patient demande une élimination des symptômes. Il s’agit d’un changement rétrospectif, curatif.

1.1.3. Quand ? Il est conseillé de consulter le plus tôt possible.

1.2. Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose conversationnelle est active, participative, collaborative. Le sujet hypnotisé conserve entièrement son libre-arbitre. Cela est possible car l’état de conscience hypnotique est un état naturel visité quotidiennement (généralement sous la forme d’une hypnose légère) et susceptible d’être mobilisé comme mécanisme de défense (sous la forme d’une hypnose profonde).

1.2.1. L’état de conscience naturel quotidiennement visité

Dans la vie de tous les jours on passe constamment par des états « hypnotiques » légers. Notre perception des choses environnantes et de notre corps n’est pas la même au lever qu’après le petit-déjeuner, boire un café ou fumer une cigarette modifie également ces perceptions tout comme la consommation d’un repas bien arrosé… Pensons également au curieux état de conscience dans lequel sont plongés les amateurs de jeux électroniques portables et de la prostration du consommateur de médias.

1.2.2. Le mécanisme de défense naturel

Les mammifères disposent de la possibilité d’altérer profondément le fonctionnement de leur système nerveux central afin de survivre aux agressions. La gazelle prise en chasse par la lionne cherche d’abord le salut dans la fuite. Si elle est perdue, on constate un changement total d’attitude et c’est inconsciente qu’elle est dépecée par le prédateur. Le même mécanisme est activé dans le cas d’accidents graves, d’attaques physiques et d’agressions sexuelles. La victime —bien qu’elle ne soit pas consentante— semble accepter son sort. Questionnée après coup, elle racontera par exemple qu’elle a assisté à la scène depuis le plafond ou qu’à ce moment elle se trouvait simplement ailleurs.

1.3. Les deux hypnoses

Pour faire bref, il y a deux hypnoses.

1.3.1. L’hypnose associative, à la faveur de laquelle le sujet est amené à ré-intégrer sa corporéité, à faire la paix avec son corps.

1.3.2. L’hypnose dissociative, qui exploite le mécanisme de défense qui vient d’être évoqué afin de pouvoir, en toute sécurité, revisiter l’événement traumatique et en modifier les séquelles.

2. Protocole thérapeutique

2.1. Anamnèse

L’anamnèse doit être courte, veiller à ne susciter aucune reviviscence (faire le récit du trauma conduit généralement à le revivre) et doit prendre garde à une possible victimisation secondaire involontaire (la victime à tendance à mettre en avant sa culpabilité et le thérapeute doit y être attentif), ce qui ne ferait qu’accentuer la symptomatologie et la souffrance.

2.1.1. Une courte biographie est la bienvenue afin de cerner le parcours historique du patient pré- et post-trauma.

2.1.2. Le parcours traumatique doit être prudemment évoqué. Il est bon d’établir s’il y a eu un seul traumatisme ou une suite d’événements traumatiques (les polytraumas sont fréquents chez les victimes d’agressions sexuelles). La liste des symptômes gagne à être exhaustive (rêves, intrusions, évitements, auto-mutilations, troubles neurovégétatifs, etc.) et précise (sensation, image, sentiment). Une attention particulière doit être dévolue aux mécanismes de défense que sont les protections dissociatives (anesthésies, amnésies, dissociations, etc.).

2.2. Inventaire des ressources

2.2.1. Ensuite on établira les compétences acquises lors de dépassements d’épreuves non traumatiques.

2.2.2. Enfin, le patient est amené à définir une expérience-ressource qui lui servira d’ancrage. Le patient choisit une situation liée à des perceptions, des sensations et des émotions positives. Certains choisiront la nage, d’autre le cinéma, la lecture ou encore les vacances à la plage. Erickson parle de « safe place » ; Levine d’« oasis pacifiant ».

2.3. Pratique thérapeutique

La phase thérapeutique elle-même consiste en l’oscillation entre deux états hypnotiques rendu complémentaires.

3.1. Enracinement sécurisant

Le patient est tout d’abord amené à s’enraciner dans l’expérience pacifiante qu’il a choisi. Levine parle d’oasis de sécurité pour décrire ce lieu sécurisant qui permet de renouer avec son intimité. Le corps redevient un corps vécu, incarné et enraciné. L’harmonie entre sentiments et sensations est particulièrement rapportée aux cognitions positives qui l’ accompagne.

3.2. Élimination des symptômes

Une fois fermement établi dans cet oasis, le patient peut être amené à revisiter les détails du trauma, les uns après les autres. Chaque modification de la mémoire traumatique s’appuie sur la puissance de l’expérience sécurisante de l’oasis. En pratique, il y a donc oscillation ou pontage affectif (« affect bridge ») entre l’expérience vécue de l’oasis et les éléments du trauma qui sont en quelque sorte « récupérés », en mode protection. Ce n’est que progressivement que le cœur du trauma sera confronté en exploitant les protections dissociatives du patient.

Bibliographie

Milton H. Erickson (1901–1980), Advanced Techniques of Hypnosis and Therapy. Selected Papers edited by Jay Haley, Orlando (Flo.), Grune and Stratton, 1967.

François Roustang (1923–), Qu’est-ce que l’hypnose ?, Paris, Éditions de Minuit, 1994.

Peter A. Levine (1942–), Waking the Tiger—Healing Trauma : The Innate Capacity to Transform Overwhelming Experiences, Berkeley, North Atlantic Books, 1997.

Kay Thompson (1930–1998), The Art Of Therapeutic Communication, Williston, VT., Crown House Publishing, Ltd, 2004.

Gérald Brassine (1953–), Prévenir, détecter et gérer les abus sexuels subis par les enfants, Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 2008.

François Roustang (1923–), Savoir attendre pour que la vie change, Paris, Éditions Odile Jacob, 2006.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0